L'église Notre-Dame de la Couture que nous connaissons était avant le concordat de 1801 l'église abbatiale du monastère Saint-Pierre de la Couture. Il existait depuis le XIe s. une église paroissiale qui se situait à quelques mètres au nord-ouest de l'abbatiale (voir vue du portail sur la gauche). Mais elle fut vendue à la Révolution et détruite par son acheteur. C'est pourquoi en 1801, le premier préfet de la Sarthe, le baron Auvray octroya aux paroissiens l'église abbatiale, qui devint Notre-Dame de la Couture.
Cette église est le fruit de plusieurs campagnes de constructions, dont il est parfois difficile de situer les époques. Une première église avait été édifiée par saint Bertrand et on peut penser qu'elle subsista jusqu'au Xe s.
Puis au XIe s., elle fut reconstruite entièrement dans le style roman. Elle se composait d'une nef longue de sept travées avec des collatéraux (partie de la nef séparée par une rangée de pilier), d'un transept, d'un coeur, et d'une abside à cinq chapelles rayonnantes. Cette construction s'étala entre 1070 et 1100. Au XIIe s., il y eut une reprise gothique de l'ensemble. On supprima les collatéraux mais on conserva les murs extérieurs, que l'on renforça avec des arcs angevins et des contreforts. Cette campagne s'étala sur cinquante ans, entre la fin du XIIe s. et le début du XIIIe s., et elle se fit du choeur vers l'entrée ouest. Au XIIIe s., le porche et les tours furent édifiés. Entre le XIV et le XVIe s., les chapelles dans les absides furent remplacées par de nouvelles de style gothique, à l'exception de celle du sud-est. En 1518, le transept fut remanié.
Cette église a donc été édifiée sur plusieurs campagnes, ce qui explique la présence de styles très différents ; particularité qui fait tout son intérêt architectural.
Projet de reconstruction des bâtiments conventuels de l'abbaye
de la Couture datant de 1682 (très proche de la réalité)
Croquis du porche de l'église de la Couture datant de 1695
(avec l'église paroissiale sur la gauche)
Vue du porche (crédits photos theMUC).
Quand on approche de l'entrée de l'église, on est tout de suite frappé par la dissymétrie entre les deux grandes tours du porche (à comparer avec la gravure ci-dessus). En fait, la tour nord a brûlé dans un incendie en 1915. (voir plus bas)
Ces deux tours sont de style gothique et sont postérieures au reste de l'église (XIIIe s.). A leur sommet se trouvent les cloches qui annonçaient les nombreux offices qui rythmaient la journée des moines.
Une fois sur le parvis de l'église, on aperçoit le porche. Il comporte de nombreuses sculptures à la symbolique très forte et parfois difficile à interpréter. Le tympan représente la scène du jugement dernier. Il s'agit de la pièce maîtresse du porche, même s'il faut aussi remarquer les trois belles voussures et les statues d'apôtres qui servent de base à l'ensemble.
Vue de la porte et du tympan de l'église (crédits photos theMUC).
Vue de la nef de l'église (crédits photos theMUC).
La nef impressionne immédiatement par sa largeur (15,7 m). Cela s'explique par l'historique de la construction de cette église. Elle se compose de trois travées. On remarque les voûtes angevines qui ont servi à renforcer les murs du XIe S. et parfois entre ces voûtes, on aperçoit des restes d'ouvertures de l'époque qui ont été comblées. Sur la droite de la troisième travées se trouve une magnifique Vierge de Germain Pilon, datant de 1570.
Vue du transept de l'église (crédits photos theMUC).
Vue du coeur de l'église (crédits photos theMUC).
Le transept est assez large, il se compose de deux travées de chaque côté. Au-dessus des passages qui mènent de la nef au transept, on remarque des restes d'arcs qui faisaient communiquer les bas-côtés au transept.
Le choeur est très profond, avec deux travées dont la deuxième se termine en arc de cercle. Il faut savoir qu'à l'époque, l'autel se trouvait au fond du choeur. Pendant les offices, les moines s'installaient dans le choeur, et le reste des fidèles prenaient place dans la nef. Dans sa partie basse, il se compose de colonnes massives qui soutiennent des arcs romans très élevés. Plus haut on aperçoit des statues colonnes qui s'insèrent dans les arcs de soutiens des voûtes. Elles représentes saint Pierre et saint Paul (les deux patrons du monastère), deux saints du nouveau testament, David et une reine biblique.
Le déambulatoire est bordé de chapelles qui datent du XIV-XVI s. et qui ont donc été édifiées par la suite. Toutes les chapelles romanes du XIe s. ont donc disparu à l'exception de celle de Saint-Joseph au sud-est. Les voûtes du déambulatoire sont romanes mais ont été reconstruites plus tard.
Vue de la crypte (crédits photos theMUC).
Vue du déambulatoire (crédits photos theMUC).
Sous le choeur se trouve la crypte. Elle se compose de trois nefs soutenues par deux rangées de piliers. Ces piliers sont très intéressants car il ont été conçus avec des restes de ruines de l'époque gallo-romaine (les éléments les plus anciens de l'église). Il faut savoir que les anciens monuments de l'époque gallo-romaine servirent souvent de carrières de pierre pour la construction d'églises ou de monuments.
L'église Notre-Dame de la Couture doit donc son charme autant à sa beauté architecturale, qu'aux efforts des bâtisseurs pour "recycler" les édifices anciens et les mettre au goût du jour.
Lorsque l'on pénètre dans les locaux de la Préfecture, on arrive tout de suite dans l'ancien cloître. C'est autour de lui que s'organisent tous les bâtiments. En fait ce n'est pas un vrai cloître : il n'a que trois côtés, car au nord (contre l'église), le passage est obstrué par de gros contreforts. Sur ce coté, se trouvent seulement une sacristie et un petit bureau.
Ce cloître se compose de travées couvertes de petites coupolettes plates avec des roses et raccordées par des pendentifs aux doubleaux et formerets du plan carré.
Au sud du cloître, se trouve se trouve une autre cour (dite de la cuisine), et elle est également entourée d'une galerie, mais de caractère plus simple. C'est elle qui permettait aux moines de se promener, le cloître étant bouché.
L'entrée de la salle du conseil général se trouve sur la partie est de la galerie. C'est dans cette salle que la première séance du conseil général s'est tenue et il lui arrive encore de nos jours d'abriter certaines séances ( même si le plus souvent, elles se déroulent dans un autre monastère : à l'abbaye de l'Epau).
A première vue, les 120 marches du grand escalier semblent être suspendues en l'air. En effet, il n'y a aucune colonne de soutien et il semble inimaginable de maintenir une telle quantité de pierre en l'air. En fait cet escalier est un véritable chef-d'oeuvre de stéréotomie. C'est à dire que la taille et l'assemblage des pierres sont tellement biens réalisés que la répartition des masses est parfaite, ce qui permet de donner cette impression de suspension dans l'air (un escalier semblable se trouve à l'abbaye Saint-Vincent).
L'escalier est éclairé par une grande verrière, haute de deux étages et composée de verre teinté monté sur plomb. Il faut également remarquer la lanterne qui date du XVIIe s., et la rampe en ferronnerie.
L'entrée d'honneur de la préfecture se trouve sur la droite de la façade. C'est là que se situent le logement du préfet et les salons de réception. Le hall et l'escalier ont été restauré sous le second empire.
D'ailleurs on voit à de nombreux endroits le blason de la ville du Mans et l'aigle impérial de l'empereur. En haut de l'escalier se trouvent les salons de réceptions qui ont été restaurés à la même époque.
Le dimanche 23 mai 1915, vers 18h30, un incendie éclata dans le clocher de l'ancienne abbatiale de l'abbaye de la Couture, devenue depuis la révolution l'église paroissiale Notre-Dame. L'incendie se déclencha dans la toiture du clocher de gauche, et prit rapidement une grande intensité. Les pompiers, arrivés 30 min plus tard, se mirent tout de suite au travail afin de maîtriser le feu.
L'incendie, qui commençait à menacer les bâtiments de l'abbaye et donc le musée, la bibliothèque et la préfecture, fut cependant rapidement maîtrisé. Mais cette tour abritait les 6 grosses cloches de l'église, qui s'effondrèrent vers 20h00 dans un fracas assourdissant, d'après les témoins de l'époque. Ensuite le feu fut rapidement circonscrit dans la tour gauche et ne présenta plus aucun danger, même s'il fallut attendre 24h00 pour que les dernières flammes s'éteignent.
Rapidement, se posa le problème du coût financier de la reconstruction ; surtout en ces temps où les priorités étaient tout autre. Si bien que les années s'écoulèrent avant que des crédits soient débloqués.
Pendant ce temps, divers projets furent élaborés. L'un d'entre eux mérite notamment que l'on s'y attarde. Certaines personnes proposèrent de profiter de cette nécessaire reconstruction pour terminer ce que les siècles passés avaient dû laisser incomplet. En effet, les deux tours édifiés à la fin du XIIIe siècle, étaient demeurées inachevées, simplement recouverte d'une charpente provisoire, comme nous pouvons encore le remarquer sur la tour sud. Des personnes proches des milieux ecclésiastiques mirent donc au point un projet d'achèvement de cette tour.
Finalement ce projet ne fut pas retenu, car il aurait coûté trop cher (plus du double), et que personne n'était prêt à le financer. Un projet plus classique fut donc adopté, et le 18 octobre 1931, eut lieu la cérémonie officielle d'inauguration de la tour restaurée et la bénédiction des cloches.