Al'époque où la Congrégation de Saint-Maur décida de reconstruire les bâtiments conventuels, il n'y avait que 24 moines dans l'abbaye. Pourtant le monastère qui fut reconstruit était vraiment très grand et sans proportion avec le nombre réel de moines. Or ces grands travaux se firent juste avant la Révolution et la réquisition des biens de l'Eglise par L'Etat. Les immenses bâtiments de la Couture, et plus généralement des monastères bénédictins mauristes furent une véritable aubaine pour la toute jeune République. En effet, ces bâtiments avaient pour la plupart été reconstruits à neuf à la veille de la Révolution et de plus, ils se situaient souvent dans des zones urbanisées.
L'abbaye de la Couture est un bon exemple : elle fut fondée à la périphérie du Mans, mais par la suite l'urbanisation la rattrapa et elle se retrouva donc au centre de la ville (voir plan ci-dessous). Il faut savoir d'ailleurs qu'elle joua un rôle important dans l'évolution spatiale de la ville du Mans : elle attira des populations qui s'installèrent aux abords de l'abbaye, et par la suite il se créa un faubourg de la Couture, qui grandit et devint une paroisse qui fut la plus grande de la ville du Mans aux XVIIe-XVIIIe siècle.
Par un décret du 20 juillet 1790, la Couture fut officiellement octroyée à l'administration municipale et départementale. Ces bâtiments furent utilisés dans de multiples occupations. En effet, ils abritèrent de nombreux services municipaux : bibliothèque, archives municipales, musée. Mais aussi départementaux : préfecture, conseil général. Ces différents services se développant, la cohabitation fut rapidement difficile, et on dut aménager les locaux pour répondre à cette expansion spatiale. Cela fut fait mais au détriment de l'esthétique des bâtiments : le cloître fut bouché, des étages intermédiaires créés.
Projet de reconstruction des bâtiments conventuels de
l'abbaye de la Couture datant de 1682 (très proche de la réalité)
Par la suite, les archives partirent pour l'abbaye Saint-Vincent (l'autre grande abbaye mauriste du Mans) en 1911, le musée vers l'hôtel de Tessé en 1927, et la bibliothèque pour la rue Gambetta en 1931. De plus, une aile nouvelle fut créée à l'est de l'aile du midi en 1934, et en 1960, la cité administrative fut édifiée sur les anciens terrains de l'abbaye.
Ce désengorgement du monastère permit de songer à redonner de la dignité aux locaux. De grands projets de restauration furent donc menés par M. Louis-Jean Lagrange vers 1960. Le 21 novembre 1959, la galerie, le cloître et le grand escalier furent classés monuments historiques. Cela permit d'obtenir des subventions. En 1959, l'aile est et le cloître furent restauré, en 1960, le hall et l'escalier d'honneur repris, et en 1961, le grand escalier retrouva sa belle allure.
L'enclos de l'abbaye fut également une requisition très utile pour l'Etat. Il avait une superficie de 2,8 hectares. Le collège Berthelot, la rue Victor Hugo (XIXe s.), la cité administrative (1960), et le parc de la Préfecture (1975) y furent créés.
L'abbaye de la Couture fut donc une réquisition utile pour l'administration car elle offrait de vastes bâtiments et un grand parc en plein centre ville.