L'abbaye Saint-Pierre de la Couture

L'Histoire de l'abbaye de la Couture


La fondation initiale (env.600-990)

Les sources sur cette première fondation sont extrêmement faibles. On sait tout de même que l'abbaye bénédictine Saint-Pierre et Saint-Paul de la Couture fut fondée entre 587 et 605 par Saint Bertrand (Bertichramnus), alors évêque du Mans. La fondation se fit sur le domaine du Vivier, possession du fondateur. Cette villa se trouvait alors à l'écart de la ville à environ 600 mètres de la muraille gallo-romaine.

Le monastère reçut rapidement de nombreuses terres sous forme de dons de Saint Bertrand mais aussi du roi Franc Clotaire II et de nombreux grands personnages de l'époque. Ses possessions s'étendaient dans la France entière et même en Angleterre (ce qui explique sans doute la composition de son blason : formé des armes de France et d'Angleterre).

Cependant, après ce rapide développement, l'abbaye disparut presque entièrement suite aux invasions normandes, à la désorganisation du pouvoir et aux abus des seigneurs locaux.

Moines partant du Mont Cassin pour fonder l'abbaye de la Couture
(symbolique : abbaye où Saint-Benoît mit au point sa Règle)

Exemple d'une charte médiévale de l'abbaye datant du XIIe siècle.


L'âge d'or de l'abbaye (990-1518)

Censif de l'abbaye Saint-Pierre de la Couture au Mans pour
1506-1513, dressé par Gilles d'Auzeville.

Les nombreux problèmes que connue l'abbaye aux IXe et Xe siècle nécessitèrent une véritable "refondation" en 990. Elle fut l'oeuvre de Hugues Ier, comte du Maine : il confia ce redressement à Gauzbert, qui devint abbé de Saint Pierre de la Couture.

Le nom de Couture mérite une explication : à l'origine ce mot vient du mot latin cultura en rapport avec les champs cultivés qui entouraient le monastère (comme par exemple Saint-Germain des Prés). Mais par la suite, le mot cultura prit un sens plus spirituel et devint culturam dei : le culte à dieu.

L'abbaye connut alors un développement très rapide, mais ses possessions ne se concentraient plus que dans le Maine. A son apogée au XIIIe siècle, elle patronnait 80 églises paroissiales, 50 prieurés en dépendaient, dont un prieuré conventuel promit à un grand avenir : Solesmes (voir le site de l'abbaye de Solesmes). C'est à cette époque que fut entamée la construction de l'église abbatiale, aujourd'hui église paroissiale Notre-Dame de la Couture.

Mais la guerre de Cent Ans fit beaucoup souffrir l'abbaye en raison de la position très exposée de la province du Maine. Elle était tout de même encore très puissante aux XIVe et XVe siècle.


L'époque moderne (1518-1791)

Acette époque, l'abbaye de la Couture connut un déclin certain. Sa puissance foncière resta encore très importante, mais au niveau spirituel, il n'en alla pas de même. En effet, le suivis de la règle se relâcha énormément : certains moines ne vivaient plus dans l'abbaye mais dans des maisons personnelles, les offices n'étaient plus suivis, et de nombreux moines recevaient des sommes d'argent plus ou moins importante, brisant ainsi leur vœux de pauvreté.

Ce déclin fut souvent imputé au changement que connut l'abbaye avec son passage en commende en 1518. C'est à dire que les abbés n'étaient plus élus parmi les moines, mais désignés par le Roi de France avec l'accord du pape. Il s'agissait de grands aristocrates qui ne résidaient plus dans l'abbaye. D'ailleurs, même lorsqu'ils résidaient au Mans, ils disposaient d'un logis à l'écart de l'enclos de l'abbaye (voir le plan du Mans de l'époque). Mais si ce changement joua un rôle dans le déclin spirituel de l'abbaye, il ne faut pas exagérer son importance.

La seconde grande nouveauté que connut l'abbaye à cette époque fut sa réforme par la Congrégation de Saint-Maur entre 1657 et 1660. Cette Congrégation, fondée au début du XVIIe siècle, s'était donnée pour but de remédier au déclin spirituel des abbaye bénédictines du royaume. Elle réforma tour à tour les plus illustres abbayes françaises comme par exemple Saint-Germain des Prés à Paris, ou le Mont Saint-Michel. L'arrivée des mauristes insuffla un certain renouveau dans l'abbaye, et lui redonna une grandeur spirituelle qu'elle avait perdu. A cette époque (1760-1775), les bâtiments furent également entièrement rénovés et l'on peut encore les admirer de nos jours (voir les bâtiments conventuels).


Cependant ce renouveau fut de courte durée car la Révolution entraîna la disparition de l'abbaye. En 1791, elle fut officiellement supprimée et ses bâtiments réutilisés pour de nouvelles fonctions.